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80 ans pour construire : Jean-Christian Cornette

Le 11/03/2022 0

Dans 80 ans pour construire

Urbaniste, artisan de la transformation de la Baie de Somme, il a dirigé la Société d’économie mixte Amiens Aménagement et contribué activement aux projets de transformation de la Citadelle et du quartier Gare la Vallée.

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En matière d’urbanisme, 80 ans ce n’est finalement pas grand chose. C’est une séquence qui s’inscrit dans une durée plus longue. Ce n’est pas un temps figé. La Cathédrale d’Amiens par exemple a été construite dans un contexte particulier pour être un lieu de culte particulier. Aujourd’hui, elle est surtout connue comme objet touristique. Elle devient même un écran de projection pour des événements publics ! (NDLR : Les projections Chroma) Ces nouveaux usages ne pouvaient pas être envisagés.

Le plus important dans ce temps long, c’est le temps accordé à la connaissance. Asseoir une pensée prend du temps, mettre en œuvre cette pensée prend du temps. Comprendre ce qui s’est passé avant permet de revenir sur des fondamentaux. Il faut appréhender les interactions avec le monde dans lequel on vit, anticiper le futur pour traverser le temps dans des conditions satisfaisantes. Se projeter à 80 ans, c’est se remettre totalement en cause.

Dans d’autres pays, la première personne qu’on interroge c’est un sociologue : « Où est-ce qu’on vit, comment on vit, comment on se déplace, quel temps consacre-t-on à l’autre, comment vont se créer les relations sociales ? » En France, on s'intéresse trop à l'œuvre de l'architecte.

"Les urbanistes ne sont finalement que des passeurs d’histoires"

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On a d’ailleurs vécu une évolution intéressante : la décentra lisation de 1982. Elle a cassé le système des grands corps d’Etat qui dirigeaient la France sans se préoccuper du temps électoral. La compétence de l’urbanisme a été transférée aux maires. Les hauts fonctionnaires sont devenus des collaborateurs d’élus. On a oublié la planification et la vision à long terme pour déléguer la construction aux maîtres d'œuvres.


Ce qui est intéressant ce n’est pas ce que je construis en 80 ans mais comment. Quand vous travaillez sur les paysages par exemple, le temps fait son œuvre. Il y a une évolution imposée. La question est alors : est-ce qu’on travaille avec la nature ou est-ce qu’on la contraint ?

De la même manière, il faut trancher : est-ce que l’homme est un animal parmi les animaux et donc on doit chercher à faire bouger le moins de paramètres possibles pour minimiser les risques ? Ou est-ce que l’on garde l’envie d’innover ? Ce qui caractérise l’initiative de l’homme, c’est une prise de risque incroyable.


S’inscrire dans un temps long permet d’ajouter de la souplesse dans la gestion des projets d’urbanisme. En France, on ne supporte pas l’échec. Les Anglo-Saxons sont dans l’évaluation permanente : « you try, you fail, you fix » (NDLR : « on essaye, on échoue, on corrige »). C’est comme ça que l’on a réussi à maintenir le projet Gare La Vallée et à ajouter une dimension culturelle dans l’espace public. Mettre de l’argent public dans
l’espace public, c’est incroyablement égalitaire. Tout le monde en profite.

Propos recueillis par Vincent Trelcat
Photos : Léandre Leber

80 ans Jean-Christian Cornette

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