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Artisanat : Mathieu Bricheux, profession luthier

Le 10/12/2021 0

Dans Artisanat

Dans son atelier rue Frédéric Petit à Amiens, Mathieu Bricheux répare, restaure et fabrique des violons, altos, violoncelles et autre contrebasses.

« Ce sont tous les mêmes instruments, mais dans des tailles différentes » sourit le luthier de 41 ans. Mathieu Bricheux a commencé sa formation au début des années 2000 outre-Manche. « J’étais musicien, mais ce qui m’a amené là c’est que j’avais besoin de fabriquer et de créer avec mes mains, ça ne me suffisait pas de travailler dans un bureau, affirme-t-il. J’ai choisi de me lancer en fabriquant des instruments, j’ai commencé par les guitares classiques et ça m’a amené au violon, je suis resté 5 ans à l’école en Angleterre. » Mathieu tombe sous le charme de la voûte, élément caractéristique du fond des instruments de la famille du violon, « c’est elle qui détermine la sonorité du violon » explique-t-il.

L’atelier de Mathieu regorge d’instruments à cordes, pourtant « même si je vendais tout mon magasin il n’y aurait pas assez d’argent pour acheter un Stradivarius » plaisante Mathieu. Le travail du luthier est minutieux. Il faut plusieurs mois pour fabriquer un instrument unique. Le plus souvent, les instruments sont composés d’érable et d’épicéa. Pour travailler le bois et lui donner sa forme finale, Mathieu se sert d’une gouge pour dégrossir la masse, d’un rabot et d’un ratissoire pour enlever les aspérités. L’Amiénois utilise ensuite de la prêle, une plante, pour faire briller le bois, avant le vernissage. Un travail de longue haleine, que le luthier a du mal à mesurer.

En parant au plus urgent on ne fait jamais rien d’exceptionnel

Mathieu Bricheux

L’histoire de son violoncelle en est le parfait exemple : « Il n’y a rien d’immédiat dans mon travail, mon violoncelle j’ai mis 3 ans à le faire ! C’était de la folie. » Mathieu s’est servi d’un bois local du Pas-de-Calais, qu’il a acheté en 2002. Un bois qu’il a laissé sécher pendants des années pour pouvoir l’utiliser. « Il s’est stabilisé, il ne va pas se tordre, ni modifier la voûte. » Il achève son œuvre en 2016. Un accomplissement pour lui qui ne compte pas ses heures. « En parant au plus urgent on ne fait jamais rien d’exceptionnel, c’est dommage, donc j’ai fait le choix de prendre le temps de fabriquer pour que ça devienne urgent, ainsi je laisse ma trace, en plus si je ne fabrique pas je perds mon savoir-faire. »

Les années passent mais la passion reste, « On continue d’apprendre, c’est sans fin » affirme-t-il. Des instruments multi centenaires passent entre ses mains. Il faut donc en prendre le plus grand soin. Mathieu utilise des techniques ancestrales pour ne pas les abimer lors de la restauration. Il se sert par exemple de colles animales à base de peau de lapin ou d’os de vache. Ces colles ont la particularité d’être réversible, un critère indispensable dans la restauration.

Mathieu a le goût du travail bien fait. La plupart de ses clients sont des musiciens, qu’ils soient élèves au conservatoire, ou musiciens de l’orchestre de Picardie, « ils viennent me voir pour des réglages très fin, ils savent ce qu’ils cherchent et quand je réussis à l’obtenir c’est gratifiant. » Le plaisir du luthier se trouve aussi dans les échanges avec les musiciens.

Retrouvez les goûts et couleurs de Mathieu.

Julien Benesteau

crédit photos Julien Benesteau

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