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Commerces : Ils se sont réinventés pendant le confinement

Le 02/02/2022 0

Dans Ma petite entreprise

L’un est boulanger-pâtissier, l’autre boucher-charcutier. Ces deux commerçants de proximité d’Amiens ont d’abord souffert du confinement avant de s’adapter et de relever la tête. Aujourd’hui, l’un comme l’autre en sortent renforcés sur l’importance du lien affectif avec leurs clients.

« Certains jours, on ne voyait plus personne l’après-midi… » Xavier Harlay tient Les Gourmandises du Blamont, quartier Noyon-Ste Anne. Après les deux premiers jours de confinement où « on avait dû fermer plus tôt le soir car on avait été dévalisés », il a commencé à manger son pain noir. Même si on utilisait depuis longtemps le gel hydroalcoolique, qu’on portait déjà des gants, au bout de dix jours j’ai pris la décision de fermer pour deux semaines ». Et notre boulanger explique avoir eu besoin de réfléchir face à l’ampleur de l’épidémie.  « On entendait tout et son contraire sur le virus. Je ne voulais pas prendre de risque pour mes vendeuses et pour les clients ».

Visières et temps partiel

Alors pendant la fermeture, celui qui tient cette boulangerie créée il y a plus de soixante ans, et qui ne voulait pas tourner en rond trop longtemps, est quand-même régulièrement passé au magasin. Xavier Harlay en a profité pour mettre son commerce en conformité avec les mesures décidées pour les gestes barrières et la distanciation sociale. Il a investi dans des visières pour les vendeuses.

De quoi rouvrir motivé, même s’il a fallu que les salariés passent à temps partiel. « Quand on a rouvert, on a communiqué sur les réseaux sociaux, Instagram et Facebook. On a livré aussi des soignants. C’était une chance de continuer à travailler, j’ai eu l’impression de mettre ma pierre à l’édifice de la croissance en berne de la France » indique notre boulanger. Les clients sont revenus peu à peu. « On s’est d’ailleurs rendu compte à quel point on avait pu manquer aux plus fidèles » dit-il.

Livraison gratuite

Cet attachement aux clients est sûrement le principal dénominateur commun entre le boulanger et son collègue boucher Frédéric Thollas, installé rue Jules-Barni, quartier St Acheul, à quelques hectomètres. Après avoir décidé de fermer le dimanche au début du confinement, il a « eu l’idée de mettre en place un service de livraison gratuite le vendredi après-midi, pour les commandes passées le jeudi après-midi et le vendredi matin ». Un bon moyen pour fidéliser certains clients qui ne voulaient ou ne pouvaient se déplacer. Et aussi pour retisser du lien. Car il a été peiné de devoir mettre entre parenthèses, depuis le début de l’épidémie, le rituel de la rondelle de saucisson donnée aux enfants. « Ce n’était plus possible avec les gestes barrières. Et du coup, on a senti… une barrière avec les clients, ce n’était plus la même ambiance, on les sentait perturbés, moins bavards ».
Au tout début du confinement, Frédéric Thollas, à son compte depuis quinze ans dans la boucherie-charcuterie ouverte par son père en 1977, a été rassuré, après avoir réuni ses huit salariés. Il leur a laissé le choix : continuer à travailler ou se mettre en retrait. Seul un d’entre eux, souffrant de diabète, a préféré arrêter. « L’esprit d’équipe nous a permis de faire corps, de décompresser un peu aussi et on a senti les clients se détendre également… » Un message sur Facebook pour présenter le service de livraison et la boucherie Thollas reçoit des dessins d’enfants de clients contents. Ils sont d’ailleurs affichés depuis dans le magasin.

Un vœu : que l’entraide se généralise…

« C’est important dans une rue comme celle où je suis installé (rue Jules-Barni, l’un des principaux axes qui mènent à la gare SNCF d’Amiens) d’avoir des commerces de proximité qui restent ouverts quand les temps sont durs » poursuit Frédéric Thollas, satisfait également pour ses clients que les prix de la viande n’aient pas augmenté pendant cette période de vaches maigres.
Le boulanger de la rue du Blamont et notre boucher-charcutier se rejoignent aussi sur la nécessité de tirer des leçons de cette expérience. Poursuivre l’application des gestes barrières pour commencer. « Le déconfinement ne change pas grand-chose pour nous » explique Xavier Harlay. « Ce que j’aimerais maintenant, c’est que l’entraide entre clients qui a vu le jour, les courses pour ses voisins, pour les personnes âgées, tout cela se généralise ». Quand Frédéric Thollas précise que pour l’instant, il prolonge « au moins jusqu’au 1er juin » les mesures de distanciation sociale.

Pour Dicilà, nos deux commerçants amiénois ont accepté de se dévoiler :

Les gourmandises du blamont

Les secrets de Xavier Harlay, boulanger-pâtissier des Gourmandises du Blamont à Amiens :

Mon pain favori ? La baguette tradition
Une viennoiserie : le croissant qui sort du four. D’ailleurs, c’est mon petit plaisir, une fois par semaine, je prends mon p’tit déj au magasin !
Le dernier livre que j’ai lu ? « Cochon de lait », du pâtissier Philippe Conticini (éditions du Cherche-Midi)
Ma série-culte du moment : Le Bureau des Légendes. Et quasiment toutes les séries Canal +
Musique : Queen, Serge Gainsbourg, David Bowie. Je suis fan des années 1980
Superstitieux ? Non, car ça porte malheur !! 

Le conseil cuisine de Frédéric Thollas, boucher-charcutier-traiteur rue Jules-Barni à Amiens :

Le boeuf est ma viande préférée. Exemple : la côte à l’os au barbecue. Vous la salez au gros sel de Guérande et vous la laissez à température ambiante 2 ou 3 heures. Puis vous enlevez le sel et vous la faites cuire. Un délice !

Vincent Delorme – Léandre Leber

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