Le Musée de Picardie ouvre grand ses portes

“Enfin, on va pouvoir inaugurer franchement le Musée de Picardie !” lance Alain Gest, le président d’Amiens Métropole. Et faire la fête avec les artistes lyriques d’Opéra Clandestin ce vendredi. Suivis du CaBaret GraBuge samedi ou encore d’On a Marché sur la Bulle et de la compagnie de danse Ex Nihilo dimanche. 

Une belle “session de rattrapage” comme dit le vice-président d’Amiens Métropole en charge de la Culture, Pierre Savreux. Car en février 2020, après plus de trois ans de travaux de rénovation, les réjouissances avaient tourné court… Moins de deux semaines après avoir rouvert, le musée avait dû fermer, pour cause de premier confinement. Et rebelote en novembre 2020.

Conséquence : depuis deux ans, le Musée de Picardie a accueilli un nombre de visiteurs forcément réduit par rapport à l’époque avant-Covid. Un peu plus de 38 000 entrées l’an dernier, dont 10% de scolaires et seulement 33 000 en 2020. “On a eu très peu de groupes, alors qu’ils représentaient à peu près les deux tiers de la fréquentation, mais donc beaucoup de visiteurs individuels. Et avec un taux de satisfaction très élevé” relativise Laure Dalon, la directrice du Musée de Picardie.

Ce week-end d’anniversaire festif s’accompagne d’une opération portes ouvertes samedi et dimanche, “pour remercier les amis du musée qui nous soutiennent et pour accueillir les Amiénois et le plus de visiteurs possible” pour Laure Dalon. A ce titre, l’afflux de visiteurs jeunes “qui viennent souvent en petits groupes d’amis” représente un élément très positif : “nous avons noué des partenariats avec l’ESAD et l’UPJV. Ce qui nous permet déjà d’accueillir certains cours de l’université à l’auditorium et dans nos salles. Alors que le public étudiant est difficile à capter et à fidéliser. C’est l’un des premiers paris remportés par le Musée depuis sa réouverture : on a beaucoup plus de jeunes qu’avant” se félicite sa directrice.

“Nous tenons à ce que les Amiénois et les habitants de la Métropole s’approprient leur musée, indique Alain Gest. Il y a parfois de la retenue, on se dit : ce n’est pas pour moi… Mais on se trompe. Alors déjà, venez ce week-end ! A l’image de la Nuit des musées qui fonctionne bien, le musée mérite un public plus large, avec en plus les visiteurs étrangers dont nous attendons impatiemment le retour à Amiens.”

Le Musée de Picardie se donne les moyens de ses ambitions, celle de devenir “un lieu de vie” à part entière et, ajoute Laure Dalon, “au coeur de la cité. On ne peut pas faire n’importe quoi au Musée, mais on peut y faire beaucoup de choses.”

Pierre Savreux ne dit pas autre chose quand il souligne qu’”en très peu de temps, le Musée de Picardie s’est intégré dans le paysage culturel d’Amiens Métropole : il multiplie les partenariats depuis sa réouverture, comme pour la résidence de l’Orchestre de Picardie, avec le Festival d’arts visuels IC.ON.IC. Mais aussi dans le domaine social, avec Pôle Emploi pour les personnes en réinsertion”,  - ce qui débouchera sur “un job dating au musée en avril”, ajoute Laure Dalon - ou encore des partenariats éducatifs avec le Rectorat. “Et il y a la maison de Jules-Verne, en cours de rattachement au Musée de Picardie : elle a besoin d’une nouvelle énergie. On est très attaché au dialogue entre les acteurs culturels, qui permet de développer des projets croisés” précise le vice-président à la Culture.

Le Musée de Picardie s’inscrit également dans des partenariats à l’échelle nationale, “importants pour le rayonnement international d’Amiens” dixit Pierre Savreux, comme les prêts du Louvre ou de la Bibliothèque Nationale de France l’an dernier. Et cette année grâce à “l’exposition exceptionnelle avec le château de Versailles, à partir de septembre, pour permettre de découvrir les peintures de la chambre du Roi Soleil à hauteur d’homme, alors qu’elles se trouvent dans la partie haute et donc pas visibles normalement.”

D’ici là, ce week-end, les visiteurs vont pouvoir aussi profiter de dégustations de boissons chaudes, grâce à l’entreprise amiénoise Dasi Frères. Proposer au public un service de restauration sur place, bientôt via un salon de thé comme c’est prévu, est d’ailleurs “une ressource que les établissements culturels, qui ont un coût, méritent d’avoir. C’est une recette complémentaire, au même titre que les partenariats et les privatisations de salles. Regardez le zoo : quand la boutique a été modernisée et qu’elle est devenue un passage obligé, son chiffre d’affaires a grimpé d’un coup” souligne Alain Gest. 

Maintenant, “si le projet d’agrandissement du Musée est terminé, ce n’est jamais vraiment fini”, poursuit Pierre Savreux, qui tient à ce que “le musée s’installe durablement dans le paysage amiénois, donc il y aura d’autres aménagements dans les mois et les années à venir, notamment pour le sous-sol. Car le Musée de Picardie est un atout important, sur lequel nous nous appuyons pour le dossier de candidature d’Amiens comme capitale européenne de la Culture 2028, que nous déposerons le 1er décembre prochain.” Cette année 2022 recèle donc un enjeu supplémentaire pour le musée ouvert en 1869.

Portes ouvertes au Musée de Picardie, 2 rue Puvis-de-Chavannes, à Amiens, ces samedi et dimanche de 11h à 18h.

Reportage Léandre Leber

Photos Dicilà Kevin Devigne

Rédaction Vincent Delorme